• Alphonse lamartine

    RUBRIQUE

    ALPHONSE LAMARTINE  

    VICTOR HUGO 

    Alphonse Marie Louis de Prat de Lamartine dit Alphonse de Lamartine, né à Mâcon le 21 octobre 1790 et mort à Paris le 28 février 1869, est un poète, romancier, dramaturge et prosateur en même temps qu'un homme politique français, l'orateur d'exception qui dirigea la foule en colère lors de la révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République1. Il est l'une des plus grandes figures du romantisme en France. 

    La fin de la vie de Lamartine est marquée par des problèmes d'argent, dus à sa générosité et à son goût pour les vastes domaines. Il revient un temps aux souvenirs de jeunesse avec Graziella, Raphaël, mais doit très vite faire de l'alimentaire. La qualité de ses œuvres s'en ressent rapidement, et désormais les productions à la mesure du poète, telles que La Vigne et la Maison (1857), seront rares. À la fin des années 1860, quasiment ruiné, il vend sa propriété à Milly et accepte l'aide d'un régime qu'il réprouve. C'est à Paris qu'il meurt en 1869, deux ans après une attaque l'ayant réduit à la paralysie. 

    VICTOR HUGO

    Poésie   

    Méditations poétiques (1820) dont 

    *« Le Lac » et « L'Isolement » *La Mort de Socrate (1823) 

    Nouvelles Méditations poétiques (1823) dont *« La Solitude » et « Les Préludes » 

    Le Dernier Chant du pèlerinage d'Harold (1825) *Épîtres (1825) 

    Harmonies poétiques et religieuses (1830) dont *« Milly, ou la Terre natale » 

    Recueillement poétiques (1839) *Le Désert, ou l'Immatérialité de Dieu (1856) 

    *La Vigne et la Maison (1857) 

    Romans en prose :  

    Raphaël (1849) Graziella (1849) Le Tailleur de pierre de Saint-Point (1851) 

    Geneviève, histoire d'une servante (1851) Fior d'Aliza (1863) Antoniella (1867) 

    VICTOR HUGO

  •  

     

    A Elvire

     

    Oui, l'Anio murmure encore

    Le doux nom de Cynthie aux rochers de Tibur,

    Vaucluse a retenu le nom chéri de Laure,

    Et Ferrare au siècle futur

    Murmurera toujours celui d'Éléonore !

    Heureuse la beauté que le poète adore !

    Heureux le nom qu'il a chanté !

    Toi, qu'en secret son culte honore,

    Tu peux, tu peux mourir ! Dans la postérité

    Il lègue à ce qu'il aime une éternelle vie,

    Et l'amante et l'amant sur l'aile du génie

    Montent, d'un vol égal, à l'immortalité !

    Ah! si mon frêle esquif, battu par la tempête,

    Grâce à des vents plus doux, pouvait surgir au port ?

    Si des soleils plus beaux se levaient sur ma tête ?

    Si les pleurs d'une amante, attendrissant le sort,

    Écartaient de mon front les ombres de la mort ?

    Peut-être?..., oui, pardonne, ô maître de la lyre !

    Peut-être j'oserais, et que n'ose un amant ?

    Égaler mon audace à l'amour qui m'inspire,

    Et, dans des chants rivaux célébrant mon délire,

    De notre amour aussi laisser un monument !

    Ainsi le voyageur qui dans son court passage

    Se repose un moment à l'abri du vallon,

    Sur l'arbre hospitalier dont il goûta l'ombrage

    Avant que de partir, aime à graver son nom !

    A Elvire

     

    Vois-tu comme tout change ou meurt dans la nature ?

    La terre perd ses fruits, les forêts leur parure ;

    Le fleuve perd son onde au vaste sein des mers ;

    Par un souffle des vents la prairie est fanée,

    Et le char de l'automne, au penchant de l'année,

    Roule, déjà poussé par la main des hivers !

    Comme un géant armé d'un glaive inévitable,

    Atteignant au hasard tous les êtres divers,

    Le temps avec la mort, d'un vol infatigable

    Renouvelle en fuyant ce mobile univers !

    Dans l'éternel oubli tombe ce qu'il moissonne :

    Tel un rapide été voit tomber sa couronne

    Dans la corbeille des glaneurs !

    Tel un pampre jauni voit le féconde automne

    Livrer ses fruits dorés au char des vendangeurs !

    Vous tomberez ainsi, courtes fleurs de la vie !

    Jeunesse, amour, plaisir, fugitive beauté !

    Beauté, présent d'un jour que le ciel nous envie,

    Ainsi vous tomberez, si la main du génie

    Ne vous rend l'immortalité !

    Vois d'un œil de pitié la vulgaire jeunesse,

    Brillante de beauté, s'enivrant de plaisir !

    Quand elle aura tari sa coupe enchanteresse,

    Que restera-t-il d'elle? À peine un souvenir :

    Le tombeau qui l'attend l'engloutit tout entière,

    Un silence éternel succède à ses amours ;

    Mais les siècles auront passé sur ta poussière,

    Elvire, et tu vivras toujours !

    A Elvire


    2 commentaires
  •  

    A El !

    A El !

     

    Lorsque seul avec toi, pensive et recueillie,

    Tes deux mains dans la mienne, assis à tes côtés,

    J'abandonne mon âme aux molles voluptés

    Et je laisse couler les heures que j'oublie;

    Lorsqu'au fond des forêts je t'entraîne avec moi,

    Lorsque tes doux soupirs charment seuls mon oreille,

    Ou que, te répétant les serments de la veille,

    Je te jure à mon tour de n'adorer que toi;

    Lorsqu'enfin, plus heureux, ton front charmant repose

    Sur mon genou tremblant qui lui sert de soutien,

    Et que mes doux regards sont suspendus au tien

    Comme l'abeille avide aux feuilles de la rose;

    Souvent alors, souvent, dans le fond de mon cœur

    Pénètre comme un trait une vague terreur;

    Tu me vois tressaillir; je pâlis, je frissonne,

    Et troublé tout à coup dans le sein du bonheur,

    Je sens couler des pleurs dont mon âme s'étonne.

    Tu me presses soudain dans tes bras caressants,

    Tu m'interroges, tu t'alarmes,

    Et je vois de tes yeux s'échapper quelques larmes

    Qui viennent se mêler aux pleurs que je répands.

    " De quel ennui secret ton âme est-elle atteinte?

    Me dis-tu : cher amour, épanche ta douleur;

    J'adoucirai ta peine en écoutant ta plainte,

    Et mon cœur versera le baume dans ton cœur. "

    Ne m'interroge plus, à moitié de moi-même!

    Enlacé dans tes bras, quand tu me dis : Je t'aime;

    Quand mes yeux enivrés se soulèvent vers toi,

    Nul mortel sous les cieux n'est plus heureux que moi?

    Mais jusque dans le sein des heures fortunées

    Je ne sais quelle voix que j'entends retentir

    Me poursuit, et vient m'avertir

    Que le bonheur s'enfuit sur l'aile des années,

    Et que de nos amours le flambeau doit mourir!

    D'un vol épouvanté, dans le sombre avenir

    Mon âme avec effroi se plonge,

    Et je me dis : Ce n'est qu'un songe

    Que le bonheur qui doit finir.

     

    A El !

     

    A El !


    votre commentaire
  •  

     

    Élégie

    Élégie

     

    Cueillons, cueillons la rose au matin de la vie;

    Des rapides printemps respirent au moins les fleurs.

    Aux chastes voluptés abandonnons nos cœurs,

    Aimons-nous sans mesure, à mon unique amie!

     

    Élégie 

    Quand le nocher battu par les flots irrités

    Voit son fragile esquif menacé du naufrage,

    Il tourne ses regards aux bords qu'il a quittés,

    Et regrette trop tard les loisirs du rivage.

    Élégie

    Ah! Qu’il voudrait alors au toit de ses aïeux,

    Près des objets chéris présents à sa mémoire,

    Coulant des jours obscurs, sans périls et sans gloire,

    N'avoir jamais laissé son pays ni ses dieux!

    Élégie 

    Ainsi l'homme, courbé sous le poids des années,

    Pleure son doux printemps qui ne peut revenir.

    Ah! Rendez-moi, dit-il, ces heures profanées;

    O dieux! Dans leur saison j'oubliai d'en jouir.

    Élégie

    Il dit : la mort répond; et ces dieux qu'il implore,

    Le poussant au tombeau sans se laisser fléchir,

    Ne lui permettent pas de se baisser encore

    Pour ramasser ces fleurs qu'il n'a pas su cueillir.

    Élégie 

    Aimons-nous, à ma bien-aimée!

    Et rions des soucis qui bercent les mortels;

    Pour les frivoles appas d'une vaine fumée,

    La moitié de leurs jours, hélas! Est consumée.

    Dans l'abandon des biens réels.

    Élégie 

    A leur stérile orgueil ne portons point envie,

    Laissons le long espoir aux maîtres des humains!

    Pour nous, de notre heure incertains,

    Hâtons-nous d'épuiser la coupe de la vie

    Élégie

    Pendant qu'elle est entre nos mains.

    Soit que le laurier nous couronne,

    Et qu'aux fastes sanglants de l'altière Bellone

    Sur le marbre ou l'airain on inscrive nos noms;

    Soit que des simples fleurs que la beauté moissonne

    L'amour pare nos humbles fronts;

    Élégie

    Nous allons échouer, tous, au même rivage :

    Qu'importe, au moment du naufrage,

    Sur un vaisseau fameux d'avoir fendu les airs,

    Ou sur une barque légère

    D'avoir, passager solitaire,

    Rasé timidement le rivage des mers?

    Élégie

    Élégie

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique