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Par Cynderella le 4 Mars 2014 à 18:42
Cache-les dans ton cœur, toi dont le cœur pardonne,
Ces bouquets imprudents qui fleurissaient en moi ;
C'est toute une âme en fleur qui s'exhale vers toi ;
Aux autres, je l'entrouvre : à toi, je te la donne
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Par Cynderella le 4 Mars 2014 à 18:39
Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs,
Ces lettres qui font mon supplice,
Ce portrait qui fut ton complice ;
Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs.
Je te rends ce trésor funeste,
Ce froid témoin de mon affreux ennui.
Ton souvenir brûlant, que je déteste,
Sera bientôt froid comme lui.
Oh ! Reprends tout. Si ma main tremble encore,
C'est que j'ai cru te voir sous ces traits que j'abhorre.
Oui, j'ai cru rencontrer le regard d'un trompeur ;
Ce fantôme a troublé mon courage timide.
Ciel ! On peut donc mourir à l'aspect d'un perfide,
Si son ombre fait tant de peur !
Comme ces feux errants dont le reflet égare,
La flamme de ses yeux a passé devant moi ;
Je rougis d'oublier qu'enfin tout nous sépare ;
Mais je n'en rougis que pour toi.
Que mes froids sentiments s'expriment avec peine !
Amour... que je te hais de m'apprendre la haine !
Éloigne-toi, reprends ces trompeuses couleurs,
Ces lettres, qui font mon supplice,
Ce portrait, qui fut ton complice ;
Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs !
Cache au moins ma colère au cruel qui t'envoie,
Dis que j'ai tout brisé, sans larmes, sans efforts ;
En lui peignant mes douloureux transports,
Tu lui donnerais trop de joie.
Reprends aussi, reprends les écrits dangereux,
Où, cachant sous des fleurs son premier artifice,
Il voulut essayer sa cruauté novice
Sur un coeur simple et malheureux.
Quand tu voudras encore égarer l'innocence,
Quand tu voudras voir brûler et languir,
Quand tu voudras faire aimer et mourir,
N'emprunte pas d'autre éloquence.
L'art de séduire est là, comme il est dans son coeur !
Va ! Tu n'as plus besoin d'étude.
Sois léger par penchant, ingrat par habitude,
Donne la fièvre, amour, et garde ta froideur.
Ne change rien aux aveux pleins de charmes
Dont la magie entraîne au désespoir :
Tu peux de chaque mot calculer le pouvoir,
Et choisir ceux encore imprégnés de mes larmes...
Il n'ose me répondre, il s'envole... il est loin.
Puisse-t-il d'un ingrat éterniser l'absence !
Il faudrait par fierté sourire en sa présence :
J'aime mieux souffrir sans témoin.
Il ne reviendra plus, il sait que je l'abhorre ;
Je l'ai dit à l'amour, qui déjà s'est enfui.
S'il osait revenir, je le dirais encore :
Mais on approche, on parle... hélas ! Ce n'est pas lui !
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Par Cynderella le 29 Décembre 2013 à 23:20
Je l’ai rêvé ! C’eût été beau
De s’appeler ta bien-aimée,
D’entrer sous ton aile enflammée,
Où l’on monte par le tombeau.
Il résume une vie entière,
Ce rêve lu dans un regard :
Je sais pourtant que ta paupière
En troubla mes jours par hasard.
Non, tu ne cherchais pas mes yeux
Quand tu leur appris la tendresse.
Ton cœur s’essayait sans ivresse,
Il avait froid, sevré des cieux.
Seule aussi dans ma paix profonde,
Vois-tu ! J’avais froid comme toi,
Et ta vie, en s’ouvrant au monde,
Laissa tomber du feu sur moi.
Je t’aime comme un pauvre enfant
Soumis au ciel quand le ciel change ;
Je veux ce que tu veux, mon ange,
Je rends les fleurs qu’on me défend.
Couvre de larmes et de cendre
Tout le ciel de mon avenir :
Tu m’élevas, fais-moi descendre.
Dieu n’ôte pas le souvenir !
Marcelline Desbordes-valmores
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Par Cynderella le 3 Janvier 2013 à 21:37
Veillée
Quand ma lampe est éteinte, et que pas une étoile
Ne scintille en hiver aux vitres des maisons,
Quand plus rien ne s'allume aux sombres horizons,
Et que la lune marche à travers un long voile,
Ô vierge ! Ô ma lumière ! En regardant les cieux,
Mon cœur qui croit en vous ,voit rayonner vos yeux.
Non ! Tout n'est pas malheur sur la terre flottante :
Agité sans repos par la mer inconstante,
Cet immense vaisseau, prêt à sombrer le soir,
Se relève à l'aurore élancé vers l'espoir.
Chaque âme y trouve un mât pour y poser son aile,
Avant de regagner sa patrie éternelle.
Et tous les passagers, l'un à l'autre inconnu,
Se regardent, disant : " D'où sommes-nous venus ? "
Ils ne répondent pas. Pourtant, sous leur paupière,
Tous portent le rayon de divine lumière ;
Et tous ces hauts penser m'éblouissent... j'ai peur ;
Mais je me dis encor : " Non, tout n'est pas malheur !
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