• La vieillesse

     

     

     La vieillesse.

     

    Ah ! le corps seulement, barque usée à la lame, 
    Vieillit et se déjoint, et sombre avec effroi ; 
    L'âme, sa passagère, au bord nage avec foi ; 
    L'âme ne périt point, bien haut tout le proclame.

    Ô ma mère, foyer dévoré par ta flamme, 
    Que je fus convaincu de l'éternelle loi 
    De notre humanité, quand je voyais en toi 
    La vieillesse du corps, la jeunesse de l'âme !

    Sous tes vieux ans mon œil trouvait sans s'étonner 
    Les jeunes sentiments, je sentais bouillonner 
    La sève de ton cœur sous ta chétive écorce.

    Au dehors, au dedans te regardant toujours, 
    Je pleurais, j'admirais le mystère des jours : 
    Le corps dans sa faiblesse et l'âme dans sa force !

    Évariste Boulay-Paty.( 1851 ) 

     

     

     

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